Rosellina – Vivre pour la photographie
Rosellina – Vivre pour la photographie
En tant que membre fondateur de la Fotostiftung Schweiz et directrice de Magnum Suisse, Rosellina Burri-Bischof (1925-1986) a joué un rôle central dans l’histoire de la photographie en Suisse. Avec de nombreuses expositions de photos, elle a fait œuvre de pionnière dans la médiation et la promotion de la photographie. L’engagement de cette personnalité charismatique est présenté et honoré par des photographies ainsi que des documents et de la correspondance provenant des archives Rosellina.
« Il n’y avait sans doute pas de nom comme celui de Rosellina Burri-Bischof, qui reste lié à la photographie dans notre pays d’une manière à la fois aimable, imaginative et riche de conséquences », écrit Hugo Loetscher en 1986. En parallèle à l’exposition Werner Bischof – Unseen Colour, la Fotostiftung Schweiz rend hommage, en collaboration avec les Archives Rosellina, à l’importante contribution de Rosellina Burri-Bischof (1925-1986) à la photographie suisse. Le commissariat de l’exposition est assuré par Tania Kuhn, Rosellina Archiv et Alessa Widmer, doctorante, Université de Zurich.
Rosa Helene Mandel, également appelée « Rösli », grandit à Zurich en tant que fille unique de sa mère tchèque Anna Prazak et de son père hongrois Moses Mandel. Ses parents, de tendance socialiste et politiquement actifs, marquent la jeune femme. À la fin de la guerre et après avoir terminé sa formation de jardinière d’enfants, elle quitte la Suisse pour apporter son aide dans une Europe dévastée. En 1946, Rösli – en Italie désormais appelée Rosellina – et Werner Bischof se rencontrent à Milan. Tous deux sont en route : Rosellina pour Rimini, afin de travailler comme éducatrice au Centre éducatif italo-suisse créé par le Don suisse, et Werner, mandaté par la même organisation, pour la Grèce.
Rosellina et Werner partagent leur engagement humanitaire et leur sensibilité à l’art et à la photographie. Leur abondante correspondance reflète leur attitude face à la vie, leur soutien mutuel et leur désir de collaboration, qui se concrétise dès 1947 par des projets communs. Après leur retour en Suisse et leur mariage en 1949, Rosellina prend en charge la coordination et l’administration de la création photographique de son mari. Grâce à leurs voyages communs dans les années qui suivent, elle se familiarise avec l’activité photojournalistique et est responsable du traitement des reportages de Werner.
Lorsque Werner Bischof meurt dans un accident en 1954 au cours d’un reportage, Rosellina préserve son héritage et poursuit la diffusion de son œuvre photographique par des expositions et des publications. Très attachée à l’association de photographes Magnum Photos, indépendante des entreprises de médias, elle dirige l’agence photo Magnum Suisse à Zurich de 1956 à 1968. Rosellina considère la photographie comme un langage universel et s’efforce de créer un échange international. En 1963, elle épouse le photographe de Magnum René Burri et poursuit, dans le cadre de cette union, son engagement pour la photographie. Avec Cornell Capa, elle crée en 1966 le International Fund for Concerned Photography (Fonds International pour la Photographie Concernée) à New York, consacré entre autres à l’héritage des photographes décédés Werner Bischof, Robert Capa et David Seymour.
Rosellina fait partie des membres fondateurs de la Stiftung für die Photographie (aujourd’hui Fotostiftung Schweiz), créée en 1971 à Zurich, et la dirige avec Walter Binder jusqu’en 1986. C’est grâce à son travail de médiation que la première galerie photographique permanente dans un musée d’art suisse – le Kunsthaus de Zurich – est créée, fonctionnant de 1976 à 1983. L’objectif est de mettre la photographie sur un pied d’égalité avec les autres arts et de faire connaître au public la valeur culturelle de la création photographique.
Rosellina entretenait de nombreuses amitiés dans le monde entier et faisait ainsi également partie d’un réseau professionnel de soutien. Ou dans les mots de Hugo Loetscher : « L’équipe était pour elle le mode de travail qui allait de soi. » Sur cette base, elle a contribué à l’appréciation de la photographie au niveau national et international. L’exposition Rosellina – Vivre pour la photographie présente, avec des documents d’époque et des photographies, l’œuvre fascinante d’une pionnière qui a encouragé de manière décisive l’étude de la photographie en Suisse.
Une exposition des Archives Rosellina en collaboration avec la Fotostiftung Schweiz. Commissaires d’exposition: Tania Kuhn, Rosellina Archive, et Alessa Widmer, doctorante à l’université de Zurich, en collaboration avec Teresa Gruber, Fotostiftung Schweiz.
Poster de l’exposition Rosellina – Leben für die Fotografie conçu par Müller+Hess (Bâle), imprimé par JCM (Schlieren).